Enclos paroissial de Berven-Plouzévédé

Enclos paroissial de Berven-Plouzévédé UN SITE PIONNIER

Ouvert même si travaux
Parking à proximité
Restaurant à proximité
Accès PMR limité dans l'église
Toilettes à proximité pendant l'été

Nous sommes en 1573. Sur le site d’une ancienne chapelle dépendant de la paroisse de Plouzévédé, un pèlerinage à la Vierge Marie se développe, dans des circonstances mal connues. Les fidèles affluent bientôt de tout le Léon. La décision est prise de construire une grande chapelle et de l’entourer d’un enclos. Et c’est là qu’une rencontre s’accomplit, qui va s’avérer décisive pour l’art religieux de toute la région.

À deux pas d’ici, d’excellents sculpteurs construisent alors le château de Kerjean (Saint-Vougay) dans le goût nouveau de la « seconde Renaissance » française, celle du Louvre, des Tuileries et de Fontainebleau. Berven sollicite les artistes de Kerjean et leur donne l’occasion d’adapter leurs modèles à un contexte tout différent, celui des enclos. Pour le portail d’entrée, ils proposent… un arc de triomphe à l’antique, de proportions irréprochables : le modèle sera bientôt imité, notamment à Sizun.

Pour le clocher, ils n’imaginent qu’un dôme surmonté de lanternons, conforme aux modèles de la vallée de la Loire. Les habitants, eux, tiennent au modèle local de la chambre des cloches ouverte. La rencontre produit le « clocher à jour » breton, version Renaissance : imité très rapidement à Roscoff, il va se multiplier dans toute la région jusqu’au début du 20e siècle ! Mené d’un seul trait – chose rare – le chantier de Berven s’achève en un temps record (sept années). L’enclos n’a pas d’ossuaire mais il comporte un oratoire extérieur et, au-delà de la place, une fontaine de dévotion. S’il n’est pas « paroissial », il est le cœur d’un bourg très attractif grâce à son pèlerinage et à ses foires.

Le décor intérieur de la chapelle est à la hauteur de l’architecture, avec notamment un Arbre de Jessé et un remarquable chœur de 24 stalles clos par un chancel. Dans le bas-côté sud, un retable de saint Eloi, patron des maréchaux-ferrants, vient rappeler que la région fut longtemps spécialisée dans l’élevage et le commerce des chevaux.

LE CLOCHER

La chapelle Notre-Dame de Berven, en Plouzévédé, fut construite à partir de 1573 et fut achevée sept ans plus tard. Elle peut s’enorgueillir de posséder un des plus aboutis clochers de style Renaissance de Bretagne : délicatement ajouré, le clocher est surmonté d’un dôme à lanternons et d’un double étage de cloches, comme son voisin roscovite. A sa base, une caravelle se dessine en bas-relief, témoin de la réussite du cabotage breton au 16e siècle.
Ce sont les ateliers dits « de Kerjean » qui ont réalisé ce chef d’œuvre en granite, peu de temps après la réalisation du château du même nom à quelques encablures. Leur savoir-faire de sculpteurs a rayonné sur de nombreuses paroisses alentours et a permis de diffuser la seconde Renaissance dans le Léon : Plougourvest (clocher), Lanhouarneau (porche), Plounévez-Lochrist (château de Maillé)… Volutes, niches à coquilles, frontons, tout ce répertoire décoratif orne ces monuments aussi bien religieux que civils dans la seconde moitié du 16e siècle.

LA NICHE À VOLETS

La chapelle Notre-Dame de Berven renferme près du chœur une niche à volets très ancienne, datant du 16ème siècle et figurant l’Arbre de Jessé : dans sa partie centrale une Vierge à l’enfant, debout sur un croissant de lune, est entourée de statuettes des ancêtres du Christ. De part et d’autre, sur les volets sont représentés en bas-relief des scènes de la vie de la Vierge Marie et de l’enfance de Jésus (la Nativité, l’Adoration des mages..).

Un troisième volet plus étroit présente trois sibylles, prêtresses du dieu grec Apollon, devenues annonciatrices de la venue du Christ dans la tradition catholique. Ce mobilier religieux, chef d’œuvre très coloré et doré à la feuille d’or a été restauré en 2016. Les niches à volets, rares en Bretagne, sont antérieures aux retables baroques qui ornent l’intérieur des églises des enclos paroissiaux : certaines ont été utilisées comme remploi sur certains retables comme c’est le cas à Guimiliau sur le retable de saint Miliau.